Le Cartulaire blanc : le travail de l’éditeur scientifique > organisation du travail

L’édition du Cartulaire blanc est une édition critique, collaborative et progressive, qui procède par chapitres.

Pour avancer utilement, nous avons dû faire des choix, qui amènent à sacrifier pour l’heure certaines des exigences d’une édition scientifique achevée.

Compte tenu de la masse documentaire, l’édition ici présentée résulte d’un compromis entre le parti de l’édition d’un unique témoin, dont on suit l’ordre, dont on conserve la numérotation, dont on reproduit le texte (sauf bévue manifeste), et le parti inverse d’une édition de chartrier, où tous les témoins sont recherchés avant l’établissement du texte. Après un premier essai dans cette dernière direction (en visant l’édition de tous les actes jusqu’à 1220), puis la décision prise de nous consacrer d’abord au Cartulaire blanc et à l’ensemble de ses transcriptions (richissimes, sous tous aspects, pour l’ensemble d’un XIIIe siècle trop souvent délaissé par les historiens comme par les diplomatistes), nous avons cherché à compenser les effets néfastes les plus évidents de l’édition d’un unique témoin :

  • en recherchant parallèlement (mais, dans un premier temps, seulement par grandes masses) les originaux correspondants encore conservés, afin de mesurer au moins grossièrement les bévues possibles du Cartulaire, comme l’état de la tradition et éventuellement les principes de la sélection opérée par les compilateurs ;

    Sont prospectées systématiquement aux Archives nationales : les séries L et S ; les cartons correspondant de la sous-série Q1 ; le début de la série K, Cartons des rois (d’après l’inventaire publié ; on a vérifié qu’aucun document intéressant Saint-Denis ne se trouvait dans le carton K 906, Baux, ni dans K 1169A, Documents sur des localités parisiennes). Aux Archives départementales des Yvelines, la série D, qui renferme entre autres les archives de la Maison royale Saint-Louis à Saint-Cyr.

  • en essayant de suivre le traitement des actes par les archivistes monastiques dans trois « inventaires » d’une rare richesse, les deux premiers (fin XIIIe-début XIVe siècle) pour la formulation de leurs regestes (qui sont intégralement édités dans le tableau de la tradition), le troisième (fin XVIIe-début XVIIIe siècle) parce qu’il permet de faire le point sur l’état du chartrier un petit siècle avant sa nationalisation (les regestes sont édités à part mais consultables depuis chaque acte).

Pour l’heure, nous ne procédons ni à la recherche des copies modernes, ni à la collation des autres cartulaires médiévaux, à l’exception du cartulaire dit « de Thou » (Bibl. nat. de Fr., lat. 5415) et des cartulaires spécialisés de la fin du XIIIe et début du XIVe siècle (Arch. nat.), conservés pour un certain nombre de domaines, et dont le contenu est, le cas échéant, étudié dans les introductions particulières aux chapitres concernés.

Les actes royaux et pontificaux disposant déjà d’une édition scientifique sont simplement mentionnés.

Les originaux

Dans l’introduction à chaque chapitre édité, un alinéa spécial donne la liste limitative des articles où les originaux ont été recherchés. Dans le fil de notre édition, ceux qui ont été retrouvés sont simplement mentionnés au tableau de la tradition (sous la lettre A), sans description ; on ne donne leurs leçons que lorsqu’un mot ou un passage a semblé étrange ou déformé dans le Cartulaire blanc.

Les « inventaires » d’archives

Les trois inventaires retenus sont mentionnés dans la rubrique « Indiqué » du tableau de la tradition de l’acte.

  • Les regestes des copies du Cartulaire blanc procurés par l’Ancien inventaire noir (Arch. nat., LL 1184 ; cité “Anc. inv. noir”) y sont édités de façon exhaustive. Les rares variantes fournies par la copie, dite « Inventaire jaune » (Arch. nat., LL 1186 ; cité “Inv. jaune”), qui ne soient pas de forme, sont signalées à cet endroit.
  • Les regestes de l’Ancien inventaire jaune (Arch. nat., LL 1185 ; cité “Anc. inv. jaune”) sont plus difficiles à repérer car son rédacteur ne résume pas le Cartulaire blanc, mais analyse les originaux. Cartulaire sous les yeux, le repérage des actes dans les regestes (toujours dépourvus de date, et souvent plus techniciens) est la plupart du temps assez sûr pour que l’on ait décidé de reproduire aussi les textes de ce deuxième inventaire. On édite à leur place, sans les signaler comme telles, les corrections portées par une main de peu postérieure, sauf si elles modifient le sens (elles sont alors placées entre < >).
  • Collation faite sur des échantillons, on a décidé de ne pas tenir compte des mentions de l’inventaire entrepris à la fin du XVe siècle, recopié en 1520 (Arch. nat., LL 1187 ; cité “Inv. de 1520”), sauf cas d’espèce : ses regestes, qui sont de faible intérêt en dehors de l’histoire des archives à l’extrême fin du Moyen Âge, sont parfois hâtifs, souvent très difficiles à attribuer un acte précis, certains actes étant mentionnés en bloc, d’autres plus nombreux ignorés, alors qu’ils sont bien connus au XVIIIe siècle.
  • Les regestes donnés par l’Inventaire général des années 1680-1720 sont simplement signalés, et sont directement consultables en mode texte et en mode image.
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